L’inirr, et tout particulièrement Corinne, m’accompagne dans une « revue de vie » éprouvante bien que les faits remontent à presque 70 ans.
Enfant, j’ai survécu à l’horreur des violages (agression sexuelle d’un individu pubère sur un individu impubère) en m’accrochant à l’idée : plus tard j’écrirai, je dirai ce que fut mon enfance.
Aujourd’hui, je mesure la violence que peuvent représenter les dessins de la petite fille que j’étais, et les propos qu’elle rapporte du curé qui l’a agressée, pour des personnes non averties. Mais ce sont les faits en eux-mêmes qui sont choquants, et qui devraient choquer, non le fait d’en rendre compte.
L’inirr permet à cette petite fille de se dire qu’elle n’a pas survécu en vain, puisqu’elle a trouvé un espace pour raconter et être crue, mais cette instance est aussi un réconfort pour l’adulte que je suis devenue et qui peut y déposer en plus le nouveau fardeau de la révélation des faits.
La société est toujours dans le déni, il me faudrait pouvoir tout justifier et tout prouver, pour que l’ensemble de ma famille arrive à croire qu’en plus du curé, j’ai aussi été victime dans notre famille.
Myriam Latour-Dumont a écrit un témoignage à partir d’un dessin qu’elle a réalisé enfant, au moment des violences sexuelles qu’elle a subies. Celui-ci est visible à partir du lien cliquable ci-après parce que le dessin peut être difficile à consulter pour des personnes ayant vécu la même chose.