Témoignage de Marie-Claire Silvestre

À toi

À nous

À vous :

 

Les silences tuent

Le mensonge tue

Les violences tuent

La trahison tue

Toute atteinte à la dignité tue.

 

Pas plus haute que trois pommes, j’ai survécu à cet homme.

Famille de croyants pratiquants, de mes six ans à mes onze ans, un prêtre frère de ma mère,

a pulvérisé mon être, ma chair. Il m’a massacrée,

sans que je puisse me révolter.

 

Une si petite fille face au roi du monde ! Une solitude tellement profonde.

J’ai vécu dans une sphère, la mienne, elle m’a sauvée d’une mort certaine.

Supplice des viols infligés, Amen, il faut pardonner !… Seule la main de ma sœur apaisait mes douleurs.

 

Le fantôme, oui c’était lui, il agissait sans bruit.

J’assistais à ses messes, remplie de détresse.

Si tu parles, personne ne te croira, la famille volera en éclats.

Je perdrais tout.

Pour une enfant, ça rend fou !

 

C’était quoi ? Ça faisait mal.

il prêchait le bien, il me faisait mal. Quelque chose n’était pas clair,

mais j’avais compris que je devais ma taire, je serais séparée de ma famille, de ma sœur. J’étais une enfant, et sans elles, je meurs.

Conflit intérieur

dans la terreur.

 

Être dit sacré. Église dite sacrée. Puissance sacrée, mensonges cachés. Enfant violentée. Enfant pulvérisée,

j’ai pourtant à ma façon, hurlé ! Leur « foi » a toujours gagné.

 

Je savais que tout était faux.

Je savais que je resterai sans mots. Je devais grandir sans mourir,

quand je serai grande, je pourrais peut-être dire… Mais l’Église ne m’a pas aidée,

même lorsque plus tard j’ai crié. Les portes sont restées fermées. Pourtant, jamais je n’ai abandonné.

 

Baptême, communions, enterrements, il était là à chaque moment.

Il me hantait et me hantera,

le jour, la nuit, quand est-ce qu’il partira ? Après la mort, il est encore là !

Quand est-ce qu’il ne reviendra pas ? Les souffrances m’étouffent,

il ne faut plus que je camoufle.

 

Je ne suis rien.

Je ne vais pas bien.

Je ne supporte pas le mensonge. Trahisons et violences subies me rongent. Je ne rentre pas dans une église.

Les mots, les chants m’enlisent, et il y aura peut-être un traître. Un faux dieu, un faux être.

Que c’est compliqué la confiance ! Que c’est compliqué la méfiance !

Ma vie en a été sérieusement entravée. J’ai parfois échoué,

je me suis souvent gravement blessée. Je vivais dans ma sphère,

présente mais absente.

De la survie oui ! Mais pour toi, pour vous : blessante.

 

Marie-Claire Silvestre

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