Témoignage de Claire Regnier-Logerot

J’ai été victime d’abus sexuels et de viols perpétrés au sein de l’Eglise. Après 17 ans de démarches dures et pénibles pour obtenir reconnaissance et réparation des souffrances endurées pendant 60 ans, j’ai trouvé au sein de l’inirr des personnes qui m’ont ENTENDUE avec intelligence, compétence, bienveillance, VRAIE compassion. Elles et ils m’ont REJOINTE au cœur.

Merci.

Claire Régnier-Logerot a souhaité témoigner une partie de son histoire.

Issue d’une famille très croyante, très petite, j’ai compris que le Seigneur était très important pour moi. Mais dans les années 1950, l’Eglise catholique donnait une vision très culpabilisatrice de Dieu et, enfant sensible et impressionnable, j’ai essayé de faire de mon mieux pour plaire à Dieu.

A 11 ans, en 1964, visitant en plein mois d’août mon aumônier de lycée pour qu’il se sente moins seul, j’ai subi l’horreur. Viols successifs à trois reprises.

La honte, la culpabilité m’ont envahie tout entière. Je n’en ai parlé à personne mais s’est développée en moi une révolte intérieure non dite, enfouie et un grand sentiment d’injustice vis-à-vis des femmes, notamment. Ma vie d’adolescente, de jeune femme, d’épouse fidèle a été massacrée par ces crimes.

J’ai essayé vaillamment de faire face.

Ma force de vie, mon enthousiasme ont parfois été les plus forts mais la déréliction, les nuits de la foi, le sentiment insoutenable que j’étais coupable, que j’allais être condamnée par Dieu pour l’éternité ont été des poignards avec lesquels j’ai vécu toute ma vie. Maltraitée hélas par une psychiatre manipulatrice et destructrice, parfois enfermée de force en HP, je me retrouve à 69 ans, handicapée à 80%, abandonnée, dénigrée, bafouée par mon mari qui m’a hélas quittée à 65 ans, après 40 ans d’un mariage fort et beau, pour une de mes amies (61 ans).

Je suis divorcée de force. Très appauvrie financièrement dans une très grande détresse et solitude affective. L’indifférence relative de certains amis « très catho » voire le rejet et la trahison de personnes en qui j’avais toute confiance sont autant d’épreuves supplémentaires. Pourtant, je garde courage, vaillance et confiance dans mon Dieu, mon seul Seigneur, mon seul Maître, mon seul Epoux.

A 20 ans j’ai écrit ceci : « Seigneur, tu n’es pas un Dieu mort, ni un Dieu paralysé. Tu n’as pas le visage habitué des hommes au pouvoir. Tu es l’Imprévisible, tu es le vivifiant, tu es l’Esprit qui souffle où on ne l’attend plus. Tu es la flamme qui jamais ne meurt.

Et c’est pourquoi brille toujours, au cœur de ma difficulté de vivre, la petite lumière obstinée de l’Espérance ».

A près de 70 ans, je redis cette prière.

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