J’ai été victime d’attouchements. Ces violences ont eu des conséquences immédiates et plus lointaines. C’est comme si elles avaient perturbé mon décollage, une sorte de mise en orbite ratée, je n’étais pas sur la bonne trajectoire.
J’ai appris très tard que le prêtre était toujours en vie. Je suis allé le trouver, je voulais entendre des regrets de sa part. Mais il a botté en touche, expliquant que « on nous demandait d’être proche de la jeunesse »…
Il a fini par m’envoyer une lettre d’excuses mais ce n’était pas ma demande, je trouvais ça trop facile.
Quand j’ai appris son décès, je me suis tourné vers le diocèse afin d’imaginer une action commune qui soit une forme de prise en compte des violences commises, contre moi et contre d’autres enfants. Une forme à construire ensemble. A travers cette action de réparation, j’espérais que l’institution se positionne et montre qu’elle regrette.
J’ai été reçu par le responsable de la cathédrale qui m’a dit qu’il en informerait l’évêque et reviendrait vers moi. Je n’ai jamais eu de nouvelles, malgré plusieurs relances qui sont toujours très coûteuses tant elles remuent des souvenirs douloureux. Que l’Église n’ait pas entendu une demande d’écoute et de co-construction a été pour moi une réelle trahison, d’autant que ce responsable avait donné sa parole.
Quand l’inirr a été créée je me suis adressée à elle mais sans trop y croire, je pensais que ce serait encore de la poudre aux yeux. Finalement, j’y ai trouvé une écoute respectueuse, professionnelle et ancrée dans le concret. La reconnaissance et la réparation m’ont permis de bâtir quelque chose pour le futur.
Il y avait un élément récurent dans ma vie : je menais beaucoup de projets mais il finissait toujours par se passer quelque chose que je ne voyais pas arriver : un sabotage. Désormais, j’ai toujours autant d’initiatives mais je ne subis plus de mauvais coups « par derrière ».
L’apport de l’inirr par rapport à un suivi thérapeutique, c’est qu’il s’agit d’un accompagnement qui se fait avec l’institution. Par conséquent, il a des résonances sociales et sociétales, un impact dans le réel et pas seulement dans le seul champ du psychologique. Je ne l’imaginais pas et c’est vraiment respectable.